Chorégraphie :
Zam Ebale
Telle une Reine des Ténèbres, la Veuve africaine va subir avec dignité toutes les épreuves de l' "Akouss". Cette cérémonie destinée aux veuves est un véritable rituel thérapeutique. Il faut exorciser la "Femme" de l'esprit de son défunt mari, qui hante son corps, afin de libérer l'âme du disparu et sauver la sienne... Comment va-t-elle le vivre ?
Cette nouvelle chorégraphie de Ebalé Zam raconte le déroulement d'une cérémonie africaine avec un langage contemporain. L'objectif de la compagnie Nyanga Zam est de mener des recherches en associant au matériel africain une dynamique contemporaine afin de créer l'émergence d'une interculturalité.
L'Akouss, une pratique du veuvage.
De tous temps et dans toutes les sociétés, la femme est souvent la première victime des abus des coutumes et tabous. Ils ont souvent pour but de l'intimider et de la soumettre pour mieux la maîtriser.
Le veuvage en afrique est une pratique traditionnelle dégradante et néfaste. Ce sont des rites que les veuves accomplissent à la mort de leur mari. Ces pratiques comprennent entre autre leur réclusion pendant plusieurs mois sans changer de vêtements et sans hygiène personnelle, le rasage de la tête et le fait de s'asseoir sur le sol nu pendant plusieurs jours.
Dans certains cas extrêmes la femme est forcée de boire l'eau ayant servi à faire la toilette du corps du défunt pour prouver qu'elle n'est pas la cause de son décès.
Les coutumes tentent, tant bien que mal, de justifier ces pratiques. Par exemple, le veuvage empêche la femme de sombrer dans la folie et de perdre sa mémoire.
Le rasage de tête est un moyen d'enlaidir la veuve qui, restant libre, est soi-disant une menace pour les couples du village. Le fait de la dévêtir violemment, de la rouler dans la boue et de la tremper dans une rivière à l'aube, la débarrasserait des odeurs corporelles de son défunt mari pour la délivrer de la malchance...
Des associations de lutte contre ces pratiques de veuvage montrent que la femme subit des rites éprouvants sur le plan physique et qui nuisent la plupart du temps à sa santé. Elle n'a le droit dans certains cas d'aller aux toilettes qu'à l'aube ou à six heures du soir. Si entre ces deux limitations elle éprouve des besoins physiologiques, elle est obligée de se servir de son vase de nuit et l'on peut facilement imaginer l'atmosphère de la chambre lorsque les veuves sont nombreuses en cas de polygamie.
Le non respect de la vie de celle-ci peut aller jusqu'à la laisser en héritage pour le frère ou le fils aîné du défunt.
Ce récit est un témoignage pour la libération et les droits humanitaires fondamentaux de ces victimes.